Elle était là, à l’aéroport.
Toute seule elle attendait qu’on vienne la chercher pour pouvoir lui montrer ce
nouveau monde dans lequel elle allait plonger.
Les yeux luisants,
le regard pensif, la tête pleine de voix qu’elle ne reconnaissait pas. Son être
bombardé par les mots explosifs d’une langue qui lui sonnait dure et bizarre en
même temps. Une voix d’homme la fit sursauter.
- Mademoiselle
Sophie ? Êtes-vous bien mademoiselle Sophie ? -
Elle tourna la tête
à gauche et fut soulagée en entendant des mots familiers prononcés d’un inconnu
dont la voix n’était pas comparable à celles auxquelles elle était habituée. C’était
peut-être l’accent ou le ton qui lui donnaient des frissons.
- Oui, c’est bien
moi ! Et vous êtes …. ? -
- Moi, je suis
Roberto, le conducteur de la voiture qui vous conduira chez M. Villa.
Suivez-moi, s’il vous plaît . Permettez-moi de prendre votre valise !
-
Elle le suivit
silencieusement en apercevant les regards émerveillés des gens autour d’elle
qui la scrutaient comme si elle était un animal rare. Ensuite un femme dit :
- Elle est noire, qu’est-ce qu’elle fait ici ? -
Du coup, Sophie crut
tout comprendre. Elle aurait dû lutter et souffrir pour voir respectés ses
droits et sa condition de femme noire au pays des blancs. Cette phrase là,
comprise par hasard, fut la première flèche au cœur qu’on lui avait tirée dans
cette terre qui ne lui appartenait pas, mais qu’elle aurait appris à aimer
comme si c’était la sienne.
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