- Tu n’achètes rien,
doudou? - Dit-elle d’une voix douce et moqueuse à la fois, en me regardant de
ses grands yeux tendres et ronds.
- Désolé madame, je
n’achète rien…je ne peux pas ! Si je pouvais j’achèterais un produit chez
chacune de vous, mais je ne peux même pas ramener tout le marché de Pointe-à-Pitre en Europe dans
ma petite valise! -
Elle me dévisagea d’un air déçu et semblait me questionner du regard. Je l’observai pendant
quelques secondes et je crus apercevoir les souffrances et les bonheurs de sa
vie, la fatigue du quotidien, l’incertitude de rester toujours là, les deux
pieds au bord du précipice. La peur de tomber et la joie d’être toujours en
vie, debout, même en vacillant. Et ses enfants...ses petits cœurs, les prunelles
de ses yeux, pour lesquelles elle ne cessait pas de s’inquiéter.
- Ils vont bientôt
devenir des grands garçons…qu’est-ce qu’ils vont faire ici ? Accepteront-ils
de partir et se faire une vie ailleurs ? Et moi, je l’accepterai ? Je
serai capable de soutenir leurs choix et cohabiter jour après jour avec leur
absence encombrante? Je ne sais pas ! Rien que d’y penser ça me fait froid dans le dos. Mon Dieu, donne-moi la force !
- Je sais, je sais…mais
sens-moi ça, doudou. Ça sent bon, n’est-ce pas ? Juste un petit souvenir de
la Guadeloupe. C’est cinq euros seulement. C’est de la vanille, ça va te
réchauffer le cœur pendant l’hiver ! -
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