giovedì 7 agosto 2014

La Doudou de Pointe-à-Pitre

- Tu n’achètes rien, doudou? - Dit-elle d’une voix douce et moqueuse à la fois, en me regardant de ses grands yeux tendres et ronds.
- Désolé madame, je n’achète rien…je ne peux pas ! Si je pouvais j’achèterais un produit chez chacune de vous, mais je ne peux même pas ramener tout le marché de Pointe-à-Pitre en Europe dans ma petite valise! -

Elle me dévisagea d’un air déçu et semblait me questionner du regard. Je l’observai pendant quelques secondes et je crus apercevoir les souffrances et les bonheurs de sa vie, la fatigue du quotidien, l’incertitude de rester toujours là, les deux pieds au bord du précipice. La peur de tomber et la joie d’être toujours en vie, debout, même en vacillant. Et ses enfants...ses petits cœurs, les prunelles de ses yeux, pour lesquelles elle ne cessait pas de s’inquiéter.

- Ils vont bientôt devenir des grands garçons…qu’est-ce qu’ils vont faire ici ? Accepteront-ils de partir et se faire une vie ailleurs ? Et moi, je l’accepterai ? Je serai capable de soutenir leurs choix et cohabiter jour après jour avec leur absence encombrante? Je ne sais pas ! Rien que d’y penser ça me fait froid dans le dos. Mon Dieu, donne-moi la force !

- Je sais, je sais…mais sens-moi ça, doudou. Ça sent bon, n’est-ce pas ? Juste un petit souvenir de la Guadeloupe. C’est cinq euros seulement. C’est de la vanille, ça va te réchauffer le cœur pendant l’hiver ! -

Elle avait bien raison. Abrité dans la senteur de vanille, cet hiver fut beaucoup moins froid.

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